En juillet, nous sommes allés voir l’Exposition Petrit Halilaj au Palacio de Cristal au sein du Parc du Retiro. Vous avez probablement entendu parlé de cette exposition. Elle a envahi les réseaux sociaux lors de son lancement. Et pour cause, une exposition ultra photogénique avec ces fleurs géantes. Nous vous expliquons tout sur cet artiste et la signification de ses œuvres. Une histoire forte et émouvante.
Petrit Halilaj : artiste contemporain Kosovar
[Explications issues du site Reina Sofia. Retrouvez les explications complètes PDF]
C’est la première fois que l’artiste Petrit Halilaj expose en Espagne, et la première exposition que le musée Reina Sofía a inauguré après la pandémie. Un événement qui a d’ailleurs provoqué l’interruption de ce montage.
Petrit Halilaj plasticien contemporain est né en 1986 à Kostërc au Kosovo. Dans son travail, il montre à la fois gravité et légèreté. Une légèreté liée à l’enfance, une période de la vie où il trouve l’essentiel de son inspiration.
En effet, il est né juste avant la chute du communisme. Il a donc connu toutes les tensions politiques et culturelles qui ont ravagé son pays pendant des années.
Il a exposé notamment en Belgique, en Allemagne, en France, en Suisse. Ses œuvres poignantes reflètent ses histoires personnelles mêlées à l’histoire récente de son pays et aux conséquences des tensions politiques et culturelles.
Histoire de cette Exposition Petrit Halilaj
Connaissant l’histoire de l’artiste, voici la signification de cette exposition surprenante.
« À un corbeau et aux ouragans qui, de lieux inconnus, ramènent des odeurs d’amoureux humains » voilà comment est définie cette exposition.
Le musée Rein Sofia a mis au défi l’artiste à faire du Palacio de Cristal « la pièce de sa vie ».
Challenge accepté par Halilaj !
L’artiste a fait du Palcio Real une continuité entre le Parc du retiro et son Palais. Un lieu où le Palacio ne fait plus qu’un avec le parc : ouverture des fenêtres, mangeoire à oiseaux…
L’objectif est d’attirer les oiseaux et autres créatures qui habitent le parc. On retrouve souvent les oiseaux dans son travail.
Ils symbolisent la transgression des limites que la pensée moderne peut établir.
L’artiste a été inspiré par le rituel d’accouplement unique des oiseaux-broussailles qui construisent des structures élaborées et les décorent avec des objets colorés pour attirer le couple.
Ce rituel est lié à son passé, à sa vie : ces grandes fleurs qui ornent le nid, c’est le fruit d’une collaboration entre son partenaire Álvaro Urbano et lui. Ils ont puisé leur inspiration dans leurs histoires personnelles.
Le corbeau blanc avec son morceau de bois sur l’épaule : History of a Hug [2020] parle de ces conventions. Ce personnage fait allusion à un moment précis de sa vie : c’était l’outil de travail de son grand-père sur le terrain et celui qu’il tenait au moment où il apprit la naissance à son 1er enfant. Etant dans l’incapacité d’exprimer sa joie qui aurait été mal vue dans cette société patriarcale, il serra si fort cet objet qu’il crût le briser.
Pour Halilaj, le corbeau blanc suggère aussi la diversité et la résistance au changement.
C’est donc une métaphore de beaucoup de choses et notamment du fait d’être homosexuel qui n’est reconnu ni par sa famille ni par la majorité de la société kosovare. Ou cela fait référence au fait d’être une personne kosovare dont le pays n’est pas reconnu par d’autres pays, y compris l’Espagne.
Comme des nids dans la nature, l’espace mis en scène par Halilaj est obligatoirement lié à l’environnement, aux visiteurs et leurs activités. C’est même une continuation de tout cela. L’installation d’Halilaj est le reflet de cette relation, de cette interdépendance. Par exemple, les deux pattes d’oiseaux qui composent Here To Remind You [2020].
De plus, le nid disproportionné, les fleurs gigantesques apportent une sensation étrange. L’artiste nous invite à imaginer que les oiseaux recherchent cette proéminence et un confort.
Cette exposition appelée « À un corbeau et aux ouragans qui, de lieux inconnus, ramènent les odeurs des humains amoureux » est la première exposition ouverte au musée Reina Sofía post COVID-19.
Cette installation peut également faire écho à la situation actuelle : la faiblesse du système économique, les questions que l’on peut se poser sur la longévité d’une croissance illimitée. Cette crise sanitaire a pu mettre en avant une forme de vulnérabilité des populations, d’interdépendance. Des décisions notamment en termes de soins qui ne peuvent se faire sans prendre en compte le reste des habitants de la planète.
Ainsi, avec ce nid, l’ Exposition Petrit Halilaj offre un refuge et fait appel à l’espérance, à la possibilité d’un avenir différent.
Vous pouvez voir cette superbe Exposition Petrit Halilaj jusqu’au 28 février 2021. Son entrée est gratuite et il n’est pas nécessaire de réserver.
Rappel : Port du masque obligatoire.
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